Bonjour à tous, merci d’être venus jusque nous, pour rendre hommage à Monelle. Certains l’appelaient ma sœur, d’autres Tata, certains autres Moumoune. Pour Rémi et moi c’était notre Maman.
Maman est né le 10 Octobre 1958 à Péronne de nos grands-parents maternels Lucienne et Eugène Bulcourt. Maman a quatre frères et quatre sœurs Lucien Annie Muriel Didier Jacques Catherine François et Anne-Sophie. Elle est la septième de la famille.
Maman commence à travailler très jeune à la Poste puis rejoint le Trésor Public où elle finira sa carrière. De mon enfance je me souviens de collègues précieux notamment Maristelle et Christine toutes les deux parties. Lucien son frère a travaillé avec elle mais aussi Catherine qui a presque fait toute sa carrière avec maman. Plus récemment il y avait aussi Valérie ainsi que Claire qui était bien plus qu’une collègue.
Maman a grimpé les échelons pendant sa carrière par son sérieux, son assiduité et sa rigueur.
Dans sa jeunesse elle a rencontré Jean-François avec lequel elle s’est mariée et je suis né le 27 Mai 1982. Ils se séparent quelques années plus tard et nous partons vivre d’abord chez mes grands-parents qui ont toujours été d’un grand soutien pour nous, puis en appartement près de chez ma Nounou, de son mari Daniel et de ses trois filles Delphine, Séverine et Karine. Pour Maman, je sais aussi que c’est le moment des premiers sacrifices et des premières privations. Moi, je vis une enfance heureuse et insouciante entre l’école et le foot… et maman est toujours là pour moi.
Quelques années plus tard elle rencontre Thierry, avec qui elle se remariera et de cette union naîtra Rémi le 17 Janvier 93. Au cours de sa vie maman m’a fait de nombreux cadeaux, mais la naissance de Rémi est et restera le plus beau. Rémi grandit, et je lui prête beaucoup d’attention car nous avons 10 ans d’écart. Puis, à 15 ans, je quitte une première fois la maison pour partir en études à Lille. Thierry et Maman me supportent dans mes choix et je les remercie tous les deux encore aujourd’hui. Je rentre les week-ends et pour les vacances. Les années passent vite. On déménage de Péronne à Horgny puis de Horgny à Péronne sur la place du château, et c’est à cette époque qu’arrivent les premiers problèmes de santé. Maman souffre d’un cancer du sein qui guérira, pendant que dans le même temps nous perdons papi Eugène et quelques années plus tard mamie Lucienne.
Nous déménageons à nouveau, cette fois à Saint Christ à côté d’une ferme où nous y rencontrons les amis d’une vie. Michel et Nono et leurs 3 enfants Benoit, Simon et Hugo qui a alors 4 ans! Les parents de Michel également Raymond et Lili ainsi que Bernard et Ghismonde au garage en face de chez nous.
J’obtiens mon diplôme d’ingénieur en 2006, les sacrifices de maman ont payé, je reviens vivre à la maison pour mon premier boulot.
Nous vivons heureux à Saint Christ, où maman devient conseillère municipale. La maison s’agrandit autour de la nouvelle piscine qui sera ensuite un lieu de réunions pour la famille et les amis. Maman aimera y plonger directement le soir en rentrant du boulot.
Au début des années 2010, Thierry décide de refaire sa vie. De toutes difficultés, maman en ressort le positif. Ce deuxième divorce est le moyen de voir davantage ses frères et sœurs si importants pour elle.
Je quitte une deuxième fois la maison, pour aller travailler au Touquet.
Michel et Nono sont déjà partis vivre en Bourgogne.
Rémi est parti à son tour en études à Saint Quentin puis à Lille et à Valenciennes.
La maison est devenue trop grande et maman décide de retourner s’installer à Péronne, près du Trou Baudelot puis rue des Clematites dans la maison de Francois B. en face de chez sa soeur Annie.
En 2018, on fête ses 60 ans. Rémi et moi faisons venir tous ses proches et sa famille dans un restaurant, par surprise. On ne pouvait pas lui faire plus plaisir. Maman avait des plaisirs simples : voir la mer chez les cousins à Tardinghem ou avec Maria au Touquet, boire un Mojito avec ses sœurs en vacances en Espagne ou en Italie, manger une dame blanche à l’hôtel Carnot de René et Steph …
Puis, juste après sa retraite à 62 ans, elle ressent des douleurs et s’en suivront 4 années de traitement.
Je ne souhaite pas que l’on résume la vie de maman à ses périodes de maladie alors j’éluderai.
Mais je souhaite être sa voix qui lui manquait cette dernière semaine et qui me manque tant déjà. Je veux être sa voix pour remercier son autre famille. Celle qui porte des blouses blanches et qui ont été si nombreux à la soigner, la réconforter, l’aider... On ne connait pas tous les noms mais beaucoup de visages. Il y a beaucoup d’inconnus aussi, parfois tellement jeunes.
En premier lieu, on doit remercier le Pr Claire Poulet et son service de Pneumologie qui nous a offert 4 années de plus à profiter de maman. Le Docteur Poulet m’a confié que maman était une patiente à laquelle elle s’était beaucoup attachée car elle était une combattante, acceptait les mauvaises nouvelles avec fatalité d’un simple haussement d’épaule. Elle m’a aussi dit l’une des plus belles choses que l’on ne m’ait jamais dit : quand on connait votre maman on comprend la personnalité de ses fils. Cela nous impose à moi et à Rémi une grande responsabilité : d’essayer d’être à la hauteur de qui elle était ; de capter son énergie, son courage. On souhaite aussi que son combat serve à d’autres et on a demandé à madame Poulet le nom d’une association pour aider la lutte contre le cancer ou qui puisse l’aider dans son travail quotidien. Une urne est disponible à cet effet dans la salle et en ligne.
Alors derrière madame Poulet, il y a aussi, les infirmières, brancardiers, radiologue, neurologue, oncologue, …. elle est passée par toutes les spécialités.
Pour se rendre à Amiens elle a toujours pu compter sur les Ambulances Carlier, avec à sa tête Eric, et la maman d’Eric : Maria, la grande amie de Maman, toujours présente. Toi aussi tu nous a énormément touché par ton message car on a eu l’impression que Maman nous parlait à travers toi. Et c’est aussi grâce à toi, Maria, que Maman a vu une dernière fois la mer.
Maman a pu rester le plus longtemps possible à son domicile, grâce au passage de trois infirmières matin et soir : Maud, Marie et Emeline mais aussi grâce à l’association Saint Jean qui l’a aidée dans les tâches ménagères et l’entretien du jardin. Et dans les dernières semaines, maman étaient tellement contente que ce soit toi, Karine, la fille de Nounou, qui t’occupe d’elle.
Enfin, je n’oublie pas non plus le Dr Vandamme, les Urgences et la Médecine de l’Hopital de Péronne et le Pavillon Caudron, leurs docteurs, infirmières, kinés ou ergothérapeutes qui ont œuvré pour que maman puisse partir dignement.
Maman avait acheté des boites de chocolat au moment des fêtes pour remercier tout le monde et ça a été une catharsis de pouvoir les distribuer à sa place.
Maman a toujours été entourée jusqu’à la fin par des aidants. Ceux à qui on ne demandait rien mais qui tiennent à être là. Les voisins, les amis, les sœurs, leurs conjoints. Nos compagnes à Rémi et à moi qui ont été et sont toujours là pour nous soutenir: Anthelia et mon amour Alina. Vous aussi ses belles filles faisiez la fierté de maman. Et parmi les aidants, un sincère merci à notre tante Annie pour son dévouement de tous les instants pour maman et qui lui a rendu la vie moins difficile … et à nous aussi. Maman t’aimait et nous aussi
J’ai fait un long discours sans avoir la certitude d’aller au bout. Mais je voulais raconter sa vie, sa générosité, son sens du sacrifice et son combat. Surtout, surtout… son sourire en toutes occasions. Je voulais vous dire qui elle était, car moi je lui avais déjà dit ce que j’avais à lui dire en partant une dernière fois à l’hôpital. J’ai eu la chance de lui dire que je l’aimais. Elle ma donné la vie, une identité, une éducation ; m’a offert une instruction, inculqué des valeurs et appris à dire MERCI.
Je crois qu’elle a eu la vie qu’elle voulait, car elle avait ceux qu’elle avait choisis autour d’elle : VOUS et NOUS.
C’est le moment de laisser son corps qui a tant souffert partir, son âme est déjà montée sur l’arc en ciel vu par Salomé pour rejoindre le paradis des mamans, des mojitos et des dames blanches.
Pour le départ il fallait choisir une chanson. Avec Rémi c’était une évidence que ca devait être une chanson de JJ.Goldman qu’elle chantait à tue-tête dans sa 205 junior rouge sur la route de Fort Mahon quand je n’étais encore qu’un enfant pour aller rejoindre papi et mamie chaque été.
Parce que maman avait « la force de penser que le plus beau rest[ait] à venir »
« Et puisque tu pens[ais] Maman
Comme une intime évidence
Que parfois même tout donner n'est pas forcément suffire
Puisque c'est ailleurs
Qu'ira mieux battre ton cœur
Et puisque nous t'aimions trop [Maman] pour te retenir »
Puisque tu pars